OEUVRE COLORS Urban Art FESTIVAL 2025

Pablo Astrain

Espagne

Description de l’oeuvre :

Pour sa fresque à Strasbourg, Pablo Astrain a choisi un décor familier : l’intérieur d’une cuisine. En haut, l’espace paraît ordinaire, presque tranquille. Mais en bas, des assiettes brisées troublent la scène. Comme si quelque chose venait de se passer. Rien n’est figé : on devine la vie, les gestes, les conversations suspendues. Pourquoi une cuisine ? Parce que c’est un lieu universel. Là où les familles se retrouvent, où les recettes se transmettent, où les cultures se croisent. Peu importe le pays, chacun reconnaît ce lieu intime et partagé. Les couleurs vertes s’accordent au paysage de l’école. Mais elles ne sont pas apaisées : comme aime le dire Pablo, certaines couleurs gritan — « crient ». Ici, elles vibrent, elles attirent, elles interpellent. Ses lignes, tantôt construites tantôt détruites, apportent une tension : entre ordre et chaos, entre mémoire et invention. Et puis il y a ces assiettes brisées. Elles sont au centre de l’œuvre et de son sens. Pablo y voit plusieurs pistes. Comme un service transmis de génération en génération : à chacun de décider s’il reste au fond d’un placard, ou s’il sert à bâtir autre chose. Casser des assiettes, c’est parfois choisir de rompre avec la tradition pour suivre son propre chemin. Mais c’est aussi le geste de la surprise, de la peur, de l’accident — une façon de rappeler que la vie peut nous échapper, et qu’il faut rester en alerte. Enfin, c’est un symbole de partage : les repas, les rires, les disputes parfois, qui rythment la vie de famille. Alors, que disent ces assiettes cassées aux élèves qui passent chaque jour devant la fresque ? Peut-être une invitation à choisir : continuer ce qui existe déjà… ou inventer autre chose. Fidèle à sa démarche, Pablo n’impose aucune interprétation. Il ouvre un espace où chacun peut projeter ses souvenirs, ses doutes, ses rêves. Sa fresque devient un récit collectif, un miroir intime, et un appel discret à rester éveillé — pour construire, casser, et recommencer autrement.

Bio de Pablo Astrain  :

Artiste basque, Pablo Astrain porte dans ses fresques la fierté et l’esprit indomptable de ses origines. Formé aux Beaux-Arts mais nourri par la rue, il revendique ce terrain de liberté où l’on court, où l’on se fait des amis, loin des règles et des surveillants. Contrairement à une société trop linéaire qui ennuie, la rue ouvre les possibles. Son travail a voyagé d’Espagne jusqu’à la Bosnie, toujours avec la même volonté d’ancrer ses récits dans l’espace public. Car Pablo est avant tout un conteur : il aime relater ses voyages et ses rencontres cocasses, provoquant les yeux écarquillés de ceux qui l’écoutent. Mais il est aussi enquêteur : il fouille les villes, capte les détails du quotidien, les traces oubliées, les légendes locales ou les tabous, et les transforme en matière à débat, à imagination, à récit collectif… et surtout à création, puisqu’il les peint pour les offrir aux yeux de tous. Peindre, pour lui, c’est chercher un équilibre : construire et rompre les lignes, guider puis égarer le regard. Ses fresques sont des labyrinthes narratifs, conçus non pour imposer une vérité mais pour inviter au doute — car c’est le doute qui mène à la pensée, à la réflexion puis à l’imagination. De là naissent mille histoires : certaines lumineuses, d’autres sombres, toutes appelées à se croiser, à se contredire, à se poursuivre dans l’esprit de celui qui regarde son œuvre. Clin d’œil : solaire et malicieux, Pablo aime prolonger ses fresques par la rencontre. Un verre partagé, une anecdote rigolote, une discussion improvisée : autant de prolongements humains qui complètent son geste artistique et rappellent qu’au fond, peindre un mur, c’est avant tout créer du lien.

ENGLISH : 

Basque artist Pablo Astrain carries in his murals the pride and indomitable spirit of his origins. Trained in Fine Arts but nourished by the street, he claims this space of freedom where you run, where you make friends, far from rules and supervisors. Unlike a society that is too linear and boring, the street opens up possibilities. His work has traveled from Spain to Bosnia, always with the same desire to root his stories in public space. Because Pablo is, above all, a storyteller: he loves to recount his travels and quirky encounters, provoking wide-eyed wonder in those who listen. But he is also an investigator: he digs into cities, captures details of daily life, forgotten traces, local legends or taboos, and turns them into material for debate, imagination, collective storytelling… and above all for creation, since he paints them to offer them to everyone’s eyes. For him, painting is about seeking balance: building and breaking lines, guiding then misleading the gaze. His murals are narrative labyrinths, designed not to impose a truth but to invite doubt — because it is doubt that leads to thought, to reflection, and then to imagination. From there, a thousand stories are born: some bright, others dark, all destined to intersect, contradict, and continue in the mind of whoever looks at his work. Festival highlight: radiant and mischievous, Pablo loves to extend his murals through encounters. A shared drink, a funny anecdote, an improvised conversation — all these human extensions complete his artistic gesture and remind us that, in the end, painting a wall is above all about creating connection.