Monsta
Description de l’oeuvre :
Tout de suite, le fait que ce soit une maison a parlé à Monsta. La maison, c’est un motif directement lié à l’enfance, l’un des premiers dessins que l’on trace : un toit, une porte, des fenêtres. C’est aussi l’axe de son univers artistique : les souvenirs d’enfance. Ici, il s’inscrit donc par excellence dans ce thème des premiers dessins et des premières mémoires. Il était important pour lui de recouvrir l’intégralité de la maison. Comme dans nos têtes, les souvenirs d’enfance fusent dans le désordre, sans hiérarchie. Un joyeux chaos organisé : le mur déborde, mais chaque élément finit par trouver sa place, comme nos souvenirs qui se réordonnent à l’âge adulte. Pour donner corps à cette mémoire, il a travaillé avec des masses lourdes et des lignes mêlées : fines et épaisses, comme les premiers traits maladroits au gros feutre, puis les dessins qui s’affinent peu à peu en grandissant. Les proportions décalées rappellent aussi le regard des enfants : tout semble immense, parfois disproportionné, et l’on découvre plus tard qu’une chose qu’on croyait gigantesque était en réalité minuscule. Cette fresque parle bien sûr d’enfance, mais elle s’adresse aussi aux adultes. Elle leur rappelle de ne pas oublier cette part intime qui nourrit l’imaginaire et garde l’esprit libre. On y retrouve des clins d’œil personnels, liés à ses propres souvenirs et aux personnes qui jalonnent sa vie quotidienne. Monsta y dépose un morceau de lui-même, un fragment de cette temporalité oubliée mais toujours présente quelque part en nous. Cette œuvre s’inscrit dans la série qu’il a commencée il y a dix ans, Sweet Nightmare. Il y déploie un rythme visuel qui entraîne l’œil de gauche à droite, de bas en haut, comme une balade dans une mémoire éclatée. Car même si les souvenirs ne sont pas bien rangés, ils continuent de vivre. Enfin, tout est traversé par un contraste puissant : le jaune lumineux qui attire et irradie, et les lignes noires franches qui structurent et marquent. Une manière de donner à l’enfance son poids, sa densité, tout en célébrant la liberté qu’elle contient !
Bio de Monsta :
Avec Monsta, l’enfance revient par la grande porte, mais teintée d’ombres et de questions. Ses monstres, drôles et attachants, sont autant de miroirs de nos fragilités collectives. Entre peintures, installations et sculptures, Monsta construit des univers qui oscillent entre humour et inquiétude, naïveté et critique sociale. Son art interroge, tout en laissant une place au jeu et à la poésie.
Membre du duo Enfants Sauvages avec Mlle Terite, il explore aussi la force du travail en commun et l’idée que la création peut être un terrain d’engagement partagé. Son univers hybride bouscule, fait sourire, et pousse à réfléchir sur le monde tel qu’il est — et tel qu’il pourrait être.
Clin d’œil du festival : engagé mais jamais austère, Monsta aime partager un rhum avec les copains, prolonger les discussions, enfiler une perruque ou se déguiser. Une manière de rappeler que le rire et la dérision restent des armes sérieuses pour résister au réel.
ENGLISH :
With World of Monsta, childhood returns through the front door—yet shaded with questions and doubts. His monsters, both funny and endearing, act as mirrors of our shared fragilities. Through paintings, installations, and sculptures, Monsta builds worlds that oscillate between humor and unease, innocence and social critique. His art questions the present while leaving space for play and poetry.
As part of the duo Enfants Sauvages with Mlle Terite, he also explores the strength of working together and the idea that creation can be a shared form of commitment. His hybrid universe unsettles, makes you smile, and encourages reflection on the world as it is—and as it could be.
Fun fact: engaged but never austere, Monsta enjoys sharing a rum with friends, stretching out conversations, or putting on a wig to disguise himself. A reminder that laughter and irony can be serious weapons against reality.
Right away, the fact that it was a house spoke to Monsta. A house is a motif directly tied to childhood, one of the very first drawings we make: a roof, a door, a few windows. It is also at the core of his artistic universe: the realm of childhood memories. Here, he fully embraces this theme of first drawings and first recollections. It was important for him to cover the entire house. Just like in our minds, childhood memories burst forth in disorder, without hierarchy. A joyful, organized chaos: the wall overflows, but every element eventually finds its place, just as our memories rearrange themselves in adulthood. To give form to this memory, he worked with heavy masses and mixed lines: thick and thin, like the clumsy first strokes of a felt-tip pen, followed by drawings that gradually improve as one grows. The distorted proportions also echo a child’s gaze: where everything feels immense, sometimes out of scale, until later in life we realize that what once seemed huge was, in fact, so small. This mural is, of course, about childhood, but it also speaks to adults. It reminds them not to forget that inner part which feeds imagination and keeps the spirit free. Hidden within are personal references, tied to his own memories and the people who accompany him in daily life. Monsta offers here a piece of himself, a fragment of forgotten time that still lives on inside us. The work belongs to the series he began ten years ago, Sweet Nightmare. In it, he develops a visual rhythm that leads the eye from left to right, from bottom to top, like a journey through fragmented memory. For even if memories are not neatly arranged, they continue to live. And finally, the whole piece is marked by a powerful contrast: the bright yellow that shines and radiates, and the bold black lines that structure and define. A way of giving childhood its weight and density, while celebrating the freedom it holds.